Automne au Sahara : Al Mouzna
les gens des nuages
La seguiet el Hamra (hiver 2005)
Peinture rupestre d'Asgar filmée en 2005
« Ces gens sont des nomades. Leurs dromadaires suivent les nuages où qu’ils se trouvent. Si les nuages vont à l’ouest ils vont à l’ouest. S’ils sont du côté de la kabla, ils s’orientent vers la Mecque : les troupeaux de camelins s’orientent là où il y a du pâturage. »
Les al mouzna, les gens des nuages à la poursuite de la pluie, avaient choisi pour eux la segiet el hamra, la rivière rouge, ceinte d’acacias qui se profilent comme un mirage, et qui s’appelait autrefois la seguiet el khadra, la rivière verte. C’est d’abord une présence. On ne la voit pas. On la sent. C’est un lieu mythique qui plonge au cœur du temps. Un lieu inaccessible peuplé à la fois par les gens des nuages et par la magie de noms fabuleux : Sidi Ahmed Rguibi, Cheikh Ma el Aïnine, Sidi Ahmed Laâroussi.
abris sous lequel on a découvert les peintures rupestres d'Asgar
Les Berbères et les Noirs sont les premiers fondateurs d’oasis sahariens comme en témoignent les peintures rupestres découvertes récemment au-delà du Msied et du mont Tassoukt qui le surplombe. Le site préhistorique en question se situe sous un abri rocheux effondré qui surplombe l’ancien oued desséché d’Asgar. Sous le bloc effondré, l’abri principal du site recèle les peintures rupestres d’animaux de la grande faune africain . On distingue une antilope : c’est le mammifère saharien qui a le cuir le plus solide.
Les Lamta se servaient jadis de la peau du mâle pour la fabrication des boucliers. Un peintre représentait des girafes. Il y a là aussi le mouflon, un bouquetin, une autruche, le plus grand oiseau africain. On peut admirer aussi la représentation d’un char à l'e(ncre rouge, représentation symbolique de la route des chars qui reliait le Maghreb à l’Afrique subsaharienne.
Peintures rupestres d'asgar
que nous avons filmé l'hiver 2005, pour la série documentaire "la musique dans la vie",
en plein Sahara, bien au-delà du M'sied...
Tout près de l’entrée de l’abri principal qui abrite les grandes arches, on a dessiné un petit éléphant brun. L’éléphant d’Afrique, le plus grand mammifère terrestre. L’éléphant fut certainement l’un des premiers animaux à occuper le Sahara dés l’établissement de conditions favorables. Il a peut-être été aussi, l’un des premiers à l’abandonner quand la tendance s’est inversée. Scène de la vie pastorale : la représentation d’un homme qui tient un arc à la main. Les animaux sauvages sont plus nombreux que les animaux domestiques. Ce sont les girafes qui apparaissent le plus souvent. Ainsi donc, le vaste désert qui est aujourd’hui le Sahara a connu il y a 8000 ans, un climat beaucoup plus propice au développement animal et à la présence anthropique. Les hommes qui vivaient à cette époque ont couvert de gravures et de peintures, les massifs rocheux depuis l’Atlas saharien jusqu’au Soudan.
Du jour où le désert est devenu aride comme il l’est aujourd’hui, il cessait d’être normalement habitable jusqu’à l’introduction du chameau. C'est-à-dire , d’après Gauthier, jusqu’à la fin du troisième et au début du quatrième siècle de l’ère chrétienne. C’est cette date, à vrai dire, qui ouvre l’histoire du désert. Peut-être avant cela traversait-on le Sahara ? Hérodote semble dire qu’à son époque, on utilisait dans ce but, des chevaux attelés de chars et les Berbères faisaient parfois de même au 15ème siècle dans l’actuel Oued Eddahab.
L’introduction du chameau est le fait central dont tout le reste découle. Avec le chameau, les conditions de la vie saharienne ont été complètement bouleversées, par les possibilités multiples qu’il a donné aux hommes : monture et animal de bât, c'est-à-dire instrument de guerre et de commerce. Il est apte en outre de fournir au nomade sa nourriture et sa boisson, ce lait avec lequel il fait même son thé. Au Sahara le chameau est à la fois moyen de transport idéal et signe extérieur de richesse :
bonne continuation de la suite de cet article de Abdelkader Mana sur
http://rivagesdessaouira.hautetfort.com